John Greyson

male
1960
London , ON
Canada
,
Ontario CA
Biographie: 

Réalisateur, vidéaste, commissaire, écrivain, artiste de performance, professeur et militant. Élevé à London (Ontario), ce décrocheur académique se lança sur la scène artistique de Toronto avec ses performances et ses vidéos affriolantes et politiquement chargées au début des années 1980 et ne cessa de se produire depuis. L’un des premiers à intégrer la militance solidaire gauchiste (les syndicats, l’Amérique centrale) et les politiques queer à travers un médium artistique bouillonnant d’énergie caractérisé par l’invention formelle, les idées et le plaisir, les causes politiques mises de l’avant par Greyson furent la censure, l’apartheid et le sida ainsi que des problématiques de nature spécifiquement queer telles le sexe public et la culture de ghettoïsation. Tout le monde affectionne une œuvre particulière de cette période et la mienne s’avère être Jungle Boy (1985, 15), un court qui parvient à superposer une jungle infusée d’un orientalisme rappelant Kipling avec des métaphores de garçon-loup, une chanson pop mexicaine ainsi qu’un récit tendu de sortie du placard mettant en vedette le vidéaste Colin Campbell – le futur partenaire de Greyson. Sa compilation de six heures composée de 22 vidéos sur le sida en provenance de partout au monde (Video Against AIDS, 1989, avec Bill Horrigan) fut l’élément déclencheur qui amena la communauté artistique nord-américaine à s’impliquer dans la crise. Entretemps, l’anthologie queer Looks: Perspectives on Lesbian and Gay Film and Video (coédité avec Martha Gever et Pratibha Parmar, 1993) vint raviver la culture internationale du film à l’apogée du Nouveau cinéma queer. Le style vidéo de Greyson – un amalgame de sorcellerie technologique, de connotations denses, d’anachronisme kitsch, de pédagogie franche, de narration mélodramatique, d’observation urbaine, d’érotisme enivrant et de collage médiatique – resta avec lui lors de sa transition vers le film à la fin des années 1980, période où il réalisa son premier long-métrage lauréat Urinal (1988). Sa vision et son style distinctifs perdurèrent mais devinrent plus raffinés et accessibles suite à une résidence au CFC, au cour de laquelle il réalisa The Making of Monsters (1990) – un film musical brechtien sur la masculinité et la violence homophobe qui fut censuré par des avocats américains en rogne.

Le prochain long-métrage de Greyson, le chef-d’œuvre musical sur le sida Zero Patience (1993), s’est graduellement hissé au rang des canons du cinéma canadien des années 1990. Greyson se concentra par la suite sur des projets moins personnels dont les adaptions cinématographiques réalisées pour Téléfilm Canada Lilies (Prix Génie du meilleur film canadien, 1996) ainsi que Law of Enclosures (2000) – un film qui ne fit malheureusement pas de remous et qui fut décrit à tort comme étant sa première œuvre hétérosexuelle malgré son questionnement queer du mariage hétérosexuel et de la première guerre du Golfe. Le Greyson des années 1980 se fit beaucoup mieux sentir dans les projets personnels développés avec l’appui du Conseil des arts du Canada entre ses réalisations les plus financièrement profitables; tel est le cas du brillant essai narratif documentaire sur la censure et la circoncision Uncut (1997) et même du docudrame iconoclaste de la CBC After the Bath (1995). La production sud-africaine Proteus (2003), une autre œuvre plus personnelle qui fut sous-financée (coproduite et écrite avec Jack Lewis), présentait simultanément un Greyson passé et actuel dans une mise à jour du cinéma queer patrimonial. Plutôt que d’être un film typique Merchant et Ivory, Proteus fut inspiré d’un procès historique du 18e siècle entourant un cas de sodomie interraciale que les cinéastes trouvèrent dans les archives; l’œuvre présenta l’anachronisme typique de Greyson en sens inverse en infusant le martyrologe queer du récit de désir post-colonial et d’angoisse foucaldienne. L’Afrique du Sud fut également la toile de fond de la prochaine réalisation majeure de Greyson, un opéra sous forme d’installation vidéo inspiré de la Treatment Action Campaign ainsi qu’un retour complexe et ambitieux au sujet du sida qu’il considère avec raison comme étant l’une de ses meilleures œuvres. Greyson intégra la faculté de production cinématographique de York en 2004.